samedi 2 juin 2018

Communication 1.3 : Interférences : Le Décodage (2ème partie)




COMMUNICATION 1.3 : INTERFÉRENCES

DÉCODAGE (2ème partie)


(Pour ceux qui visitent ce blogue pour la première fois, j’aimerais d’abord vous référer au début de cet article, histoire de vous mettre dans le contexte.)

Dans le cas où il s’agit d’un émetteur inconnu, parmi les facteurs qui viendront influencer le décodage, nous retrouvons :

         Le niveau d’éducation du récepteur.

Lorsque l'on parle d’éducation, on pense automatiquement au niveau académique et familial et certainement cette part a son pesant d’or dans la balance. Toutefois, elle ne forme qu’un ensemble restrictif d’acquisition d’expériences. Peu importe le nombre d’ouvrages parcourus et l’ensemble des valeurs inculquées dans un cercle défini, s’il n’est pas possible pour l’individu de les mettre en pratique en dehors de sa « bulle », « sur le terrain », le tout demeure pratiquement statique, sinon stagnant.




Bien sûr, cette portion représente la pierre angulaire sur laquelle tout repose car c’est à cette étape que l’on doit éveiller et stimuler la curiosité intellectuelle, « l’esprit scientifique » comme on l’appelait dans ma jeunesse. C’est ce qui nous permettra, je crois, d’aller au-delà de cette sphère inclusive représentée par la famille et la théorie et accéder à l’autodidactisme ; l’expérience et l’éducation de vie que l’on se donne soi-même, par nos ambitions, nos rencontres, nos voyages et ainsi de suite. D’ailleurs, il est facile de remarquer à quel point les gens qui ont beaucoup voyagé et/ou possèdent un vaste réseau social (qui va au-delà de la virtualité) sont, sauf exception (et il n’y en a pas beaucoup !) d’excellents communicateurs.

Si ce niveau d’éducation est faible, le récepteur pourrait avoir des difficultés à bien décoder ce qui lui est adressé. Bref, plus l’éducation sociale et culturelle d’une personne est élevée, plus cette personne a des idées, des moyens, des opportunités diversifiées. Par conséquent, plus il lui sera possible de bien saisir la portée d’un message, d’en faire ressortir toutes les possibilités et pouvoir choisir laquelle représente le mieux la teneur de ce qui lui est adressé.


         Les croyances et présomptions

Évidemment, est inclut dans tout ceci, la religion, les croyances et superstitions, les préjugés, les idées préconçues, car tout cela fait déjà partie intégrante de notre vision de la vie, de la société, de nos paradigmes. Sans vouloir me lancer dans un débat sur le comportement humain, et encore moins sur la religion, il est toutefois possible d’observer des comportements spécifiques découlant de certaines pratiques ou croyances chez les gens qui nous entourent.  Ce qui est tout à fait normal, car tout notre mode de vie au quotidien est influencé par celles-ci. Les croyances, préjugés, idées préconçues modèlent nos comportements.

Prenons quelques exemples tout à fait anodins mais dont les implications sont éclatantes de vérité. Avez-vous déjà vu, autour d’une table, quelqu’un jeter du sel par-dessus son épaule gauche « pour conjurer les mauvais esprits » ?  Quelqu’un vous a-t-il déjà dit « Touche du bois » en voulant vous souhaiter bonne chance ? L’avez-vous fait ? ☺  Ou, à l’opposé, quelqu’un vous a-t-il déjà souligné le fait qu’il ne vous souhaiterait pas bonne chance justement parce que « ça porte malheur » ? ☺



Prenons un exemple un peu plus « sérieux ». Au moment où j’écris ceci, nous sommes Jeudi, le 12. Demain sera un vendredi 13. Vous voyez déjà un peu où je veux en venir. 


Pour quelqu’un d’extrêmement superstitieux, demain sera une journée à « prendre avec des pincettes. » Certaines personnes ont même déjà commencé à la redouter au moment même où j’écris ces lignes. Pour la plupart de ces gens, à prime abord, dès leur réveil le lendemain, tout événement qui se produira sera perçu et analysé comme pouvant être de mauvais augure.

En allant au bureau, s’ils croisent un chat moindrement de couleur sombre, ça y est ! La journée sera catastrophique ! Ils ne font pas attention et passent sous une échelle, ils vont renverser leur café, soit sur leur bureau, soit sur leurs vêtements, soit sur les vôtres ! Quelqu’un ouvre un parapluie à l’intérieur d’un édifice ; il y aura une panne d’électricité ou une panne de serveur et vous perdrez une grande partie de votre travail.

À la lumière de ceci, il est facile de constater que nos croyances influencent nos comportements et, par conséquent, a un impact certain sur notre interprétation des choses.


         La perception générale

Tout comme l’émetteur doit penser à son auditoire en livrant son message, le DÉCODEUR, lui, doit plutôt penser à l’émetteur du message. Il doit tenter de conceptualiser l’intention d’une personne qu’il ne connaît pas donc avec laquelle il ne possède aucun point de repère.


En partant, s’il tente de décoder le tout uniquement avec son propre système de référence, c’est à dire avec sa propre vision, donc perception, des choses, généralement il fera fausse route.

 Le problème qui se pose alors est comment décoder le message proprement ? La solution n’est pas vraiment simple et s’apparente quelque peu à une sorte de jeu de détective qui nous aidera à mieux identifier l’auteur du message. Pour ce faire, la seule piste que nous possédons est le message en tant que tel.


Bien sûr, la première chose est de regarder qui nous le fait parvenir. Quel est son nom ? Le nom nous donne souvent des indices sur l’émetteur, pouvant nous laisser entrevoir une culture, une mentalité, ou même une façon de penser.  Ensuite, pour ma part, je regarde le contenu du message ; les mots avec lesquels il a été formulé. Quels sont ces mots ? Quel est leur niveau linguistique ? Est-il littéraire ? Commun ? Vulgaire ? Quelle est l’orthographe utilisée ? Est-elle adéquate ? Irréprochable ? Bourrée de fautes ?  Quel est le ton employé ? Est-il familier, formel, populaire, ou amical ?

Toutes ces questions nous mènent à dresser un profil de notre émetteur. En y répondant, nous pouvons déjà établir une esquisse de la personne à l’autre bout de la communication. Une fois ceci fait, nous devrions revoir le message.


Par exemple, Speedy Gonzalez, Texas, USA, m’envoie un courriel m’invitant à participer à un événement X où il aimerait me rencontrer pour discuter d’opportunités futures. Quelles sont les perceptions que je peux analyser à la suite de la réception de ce message ?


Si le message qui me parvient est écrit dans un niveau de langage élevé et qu’il n’y a ni faute d’orthographe, ni faute d’expression, (ce qui est impossible à réaliser avec un traducteur électronique, si perfectionné soit-il) je peux déjà me mettre à penser que cette personne est possiblement trilingue et qu’il maîtrise parfaitement trois langues, soit l’anglais, l’espagnol et le français. De plus, le niveau est élevé ce qui en général dénote une éducation supérieure. Ça donne une meilleure crédibilité à l’envoi.  Le ton est formel mais à la fois jovial et invitant. Ce type semble être un professionnel et cultiver également des relations d’affaires amicales. Après recherches, je me rends compte qu’il occupe un poste important dans une grande firme américaine. L’offre prend encore plus d’intérêt et je commence sérieusement à penser à assister à cet événement.
 
On voit aussi que mettre ses perceptions de côté nous aide grandement à bien entrevoir des choses qui autrement seraient passées inaperçues. J’aurais pu me dire «  Bah, encore une de ces offres qui semblent alléchantes mais qui dans le fond finiront par me coûter beaucoup d’argent. En plus, je ne parle pas espagnol et on va sûrement avoir de la difficulté à se comprendre. Et combien d’autres choses encore ! 

Mettre de côté sa vision personnelle des choses, et également parfois même, ses propres intérêts, est une étape essentielle qui permet en tout temps d’effectuer un meilleur décodage.


         La personnalité et le sexe de l’individu

On peut retrouver ici un des facteurs qui expliquent certaines difficultés de communication.  Sans entreprendre une étude des différents types de personnalité, affirmons qu’il existe des extravertis ou introvertis, des intuitifs ou perceptifs, et également rationnels ou émotifs. Tous ces éléments et les combinaisons en découlant peuvent influencer le déroulement d’une bonne communication. On comprend encore plus ici l’importance du point 3 à l’effet que l’on doit « mettre soi-même » de côté pour décoder le plus efficacement possible le message qui nous est destiné.

 

Prenons un exemple : M. Froid (rationnel) reçoit un message sur son cellulaire de Mme Chaude (émotive) qui lui expose une situation bien navrante. Si M. Froid reste lui-même, il ne décodera que la situation elle-même et jugera alors de l’urgence de celle-ci. Si M. Froid s’oublie quelques instants et se met dans la peau de Mme Chaude (oubliez les jeux de mots !) il pourrait alors décider d’agir autrement. Mais il reste fort à parier que M. Froid ne regardera que la situation elle-même car, selon sa personnalité, de voir la vie.

En connaissant bien ces différents types de personnalité il est possible de tirer quelques lignes générales sur l’émetteur à travers son message.





Qu’on se le dise une fois pour toutes, si le décodeur du message est un homme, ou une femme, le décodage s’effectue différemment. C’est un fait naturel. Peut-être les deux arriveront aux mêmes résultats ou à la même conclusion mais ils prendront des chemins différents pour y parvenir. Ces chemins ne sont ni meilleurs ni pires l’un par rapport à l’autre. Les hommes ne pensent pas comme les femmes et vice-versa. Ainsi, si la pensée à la base diffère, l’écriture, les façons de dire (ou de voir) les choses, l’approche, la compréhension et la perception sont aussi différentes. Il en va de même pour le décodage.

  
         Le statut

Notre façon de voir la vie et la société dans laquelle nous évoluons a son impact sur la manière dont nous décodons ce qui nous entoure. Par exemple, si nous sommes du type à respecter la hiérarchie des classes sociales, nous ne décodons pas un message provenant du grand patron de notre établissement avec la même perception, voire avec le même intérêt, que s’il provenait d’un collègue ou, pis encore, un travailleur journalier.

Un jour, une chargée de cours de l’Université de Montréal m’a dit froidement : « Il ne faut pas toujours croire ce qu’un professeur dit. » alors que j’avais recopié fidèlement chaque mot qu’elle avait prononcés dans ses cours. Le pire dans ceci est qu’elle avait entièrement raison. Ce n’est pas parce qu’on est professeur, médecin, avocat, ou autre que l’on connaît tout.  On connaît notre domaine mais pour ce qui est du reste, cela dépend de tout à chacun. Pourtant, lorsqu’un membre d’une haute profession « libérale » s’exprime hors de son domaine de compétences, plusieurs ont tendance à respecter leurs opinions, souvent au détriment de leur propres idées. Le meilleur exemple que je pourrais nommer ici est lorsqu’un juge d’instruction, qui pourtant connaît bien la loi, les gens, la société et les mœurs, se permet de comparer une femme et un règlement et de dire qu’à la base les deux sont pareils car ils sont faits pour être violés (ex-juge Denys Dionne, 27 janvier 1989 !). En fait, dans ce cas-ci, ce n’est pas parce qu’on est juge qu’on ne peut pas être con. Mais nous avons ici un bel exemple d’une « autorité » qui donne son opinion, qui se prononce sur un sujet qui, visiblement, dépasse de loin son champ de compétence. L’opinion perd toute valeur et l’individu devient incompétent à nos yeux.

Bref, pour mieux décoder un message d’un émetteur inconnu, mieux vaut mettre de côté nos impressions, nos préjugés et surtout tenter de garder un esprit ouvert et entrevoir le tout dans sa plus grande généralité. Le contenu du propos se précisera au fur et à mesure des échanges qui s’en suivront. Mais à la base, il faut savoir « se mettre de côté » car cela tend à nuire à une bonne interprétation et peut parfois donner lieu à des situations indésirables ou à des mésententes.


 
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Louis Carle
Directeur

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